Les pare-chocs sont toujours un problème incontournable dans la conservation ou la restauration d’une Karmann Ghia.
Les montages ont été assez variés au fil des ans et des marchés. Petit tour d’horizon pour s’y retrouver sans y laisser son porte-monnaie
Les pare-chocs de Karmann Ghia sont de véritables objets de spéculation. Un kit neuf complet AV/AR d’origine VW se négocie aux alentours de 4.000 €… lorsque l’on arrive à en dénicher un ! Les seuls butoirs siglés VW se négocient aux alentours de 300 € pièce ! Face à celà, il reste des solutions alternatives: acheter à moitié prix les reproductions en provenance d’Asie du Sud-Est (ce que proposent la plupart des pros) ou chercher en petites annonces des morceaux de pare-chocs et les faire rechromer par un artisan local.
Les pare-chocs d’origine VW se font extrêmement rares et on ne peut les trouver que chez 2 ou 3 spécialistes des Karmann au niveau de la planète ! Selon nous, ce genre de pièce NOS est à réserver à des amateurs fortunés ne comptant pas leurs dollars ou à des voitures d’exception, de par leur état ou leur histoire. La reproduction est une solution satisfaisante mais qui reste onéreuse (env. 1.000 € pour un set AV/AR complet), les négociants jouant sur la rareté de la pièce eux aussi, c’est de bonne guerre. La qualité de ces repros est inférieure à la qualité des pièces d’origine VW, mais celui qui se donne la peine de restaurer son Karmann ne le laisse pas dormir à la pluie et au final le chrome ne sera jamais autant agressé que l’a été celui de la pièce d’origine durant les 30 années précédentes…
Le rechromage est sans doute la solution la moins onéreuse, mais le prix et la qualité peuvent fortement varier selon le travail et l’artisan. Un pare-choc rouillé et à redresser coutera forcément plus cher que le même juste piqué… La qualité du travail varie également selon les artisans. Un travail soigné de rechromage doit comprendre au préalable un polissage parfait de la tôle qui sera ensuite recouverte d’une couche de cuivre rouge, d’une couche de nickel puis, enfin, de quelques microns de chrome. Même si l’on reste dans le domaine de l’invisible, une couche de 2 microns, c’est toujours mieux que 1… Du coté du prix, comptez- tout de même 1.000 à 1.500 € pour un rechromage complet incluant les butoirs ce qui est tout de même plus acceptable que les prix évoqués plus haut.
Au final, compte-tenu du coût de ces pièces, force est de constater que la présence, l’absence ou l’état d’un pare-choc est un important critère de choix lors de la négociation pour l’achat d’un Karmann-Ghia.
Si vous devez reconstituer le puzzle, voici quelques éléments pour éviter de vous tromper et ceci plus particulièrement pour les butoirs …
La première série de pare-chocs (Août 1955 – Mai 1956) était en une seule partie et les retours d’angles, ainsi que les butoirs étaient pleins. Ces pièces sont aujourd’hui extrêmement rares. A partir de mai 1956, les pare-chocs AV et AR se scindent en 3 parties distinctes : 1 lame centrale et 2 morceaux latéraux. Les retours d’angle sont dorénavant vides et les trois parties sont boulonnées entre-elles par des vis chromées. |
Les éléments du pare-choc arrière
« type euro' » 1956-1969 |
A compter de 1958, la spécificité la plus visible consistait en l’adoption de barres de renforts et de butoirs « hauts ». Jusqu’à juillet 1969, les barres de renfort du pare-choc arrière revenaient sur le coté de la voiture. A partir de cette date, correspondant à l’apparition des feux AR intégrant le feu de recul, les barres de renfort ont été reduites et rejoignaient la lame juste après le butoir.Ce type de pare-choc a été livré sur le marché US de 1958 à 1971, et en option payante dans les autres pays. |
Le pare-choc arrière « type export » 1958-1969 |
Au changement de millésime 66 -> 67, une petite différence intervient au niveau de la longueur des retours d’aile arrière qui perdent quelques centimètres ! Pas évident à voir sans démontage préalable, mais un détail important dans le cadre d’une restauration de hut niveau… |
En haut le modèle « long » jusqu’à juillet 66,
en bas, le modèle « court » à partir d’août 66 |
Le millésime 1972 (à partir de juillet 1971) verra l’abandon de des pare chocs « fins » au benéfice du gros pare choc « chemin de fer », comme sur la Coccinelle. Plus enveloppant, plus robuste, moins cher et plus massif, il allourdit considérablement la silhouette de la Karmann-Ghia. Le modèle export se voit affublé de butoirs qui ne rajoutent pas vraiment à l’esthétisme de cette version… |
Le pare-choc « chemin de fer » à partir de juillet 1971 |
Les butoirs de pare-choc ont également beaucoup évolué au cours de la carrière de la voiture (voir ci-dessous). Ils sont interchangeables entre l’avant et l’arrière mais attention, il y a toujours une droite et une gauche! Un problème fréquent rencontré avec les butoirs est la vis cassée dans le boulon soudé derrière la patte de fixation. Le plus simple est de percer et de remplacer le tout par une tige filetée inox (pour éviter toute corrosion future) et deux écrous, pris de part et d’autre de la patte de fixation… |
A gauche, le butoir Export 58-71 apparait nettement plus haut que le modèle Euro, et est percé pour recevoir les barres de renfort. |
BUTOIR AOUT 1955 – > MAI 1956
Le butoir associé aux pare-chocs en une pièce est également « plein » dans sa partie supérieure.
Il se fixe grace à une vis, sous la lame de pare-choc. Il ne peut être adapté que sur le type de pare-choc correspondant à cette période.
Il est réalisé en deux parties, celles-ci étant soudées l’une à l’autre. L’arête externe est aigue. |
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BUTOIR MAI 56- > JUILLET 1956
Ce premier butoir « creux » n’a été produit que durant 3 mois ! Toujours en deux parties soudées, il adopte le système de fixation définitif lui permettant de se monter sur n’importe quel pare-choc de mai 56 à juillet 71.
Son arête externe est aigue. |
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BUTOIR AOUT 1956 -> JUILLET 1962
Ce butoir creux est réalisé en zamac moulé (alliage léger d’aluminium). Léger, intégrant une tige filetée de 8mm, il est plus pratique que le système avec plaque/vis/écrou.
Par contre, il veillit mal. Le chrome ne tient pas sur le zamac et s’écaille au bout de quelques années. Il est impossible à rechromer. Pour cette raison, sa production sera stoppée en 1962.
Il peut être monté sur n’importe quel pare-choc de mai 56 à juillet 71.
Son arête externe est douce (métal moulé). |
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BUTOIR AOUT 1962 -> JUILLET 1971
Ce butoir creux est réalisé en tôle emboutie, celle-ci étant plus épaisse que celle utilisée dans les butoirs « soudés » de 55 à juillet 56. Le système de la patte de fixation avec boulon soudé est repris.
Il peut être monté sur n’importe quel pare-choc de mai 56 à juillet 71. Son arête externe est douce (métal embouti).
C’est ce modèle que l’on trouve fréquemment en repro… |
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Quelques vues supplémentaires très explicites pour illustrer les différentes générations de butoirs …
Le butoir typique des modèles jusqu’à Mai 1956 :
On remarque bien qu’ils se fixent sur et sous la lame de pare-choc
Les différentes fixations selon les modèles en acier :
De gauche à droite :
Une repro contemporaine (notez sa partie inférieure nettement plus étroite que les modèles d’origine), un modèle 62-71, un modèle mai 56-juillet 56 et sur la photo de droite, le détail des deux derniers
La bête rare :
Nous pensions qu’il n’existait que les 4 modèles présentés plus haut (et leur déclinaison en modèles « hauts » USA) … et voici que l’on découvre un autre modèle, beaucoup plus volumineux, en acier. Il y aurait donc 5 modèles (et non pas 4) de butoirs « européens » !
Les américains :
A gauche un modèle tôle (62-71) qui a très bien veilli, à droite un modèle Zamac, à peu près irrécupérable. Notez les tiges filetés de ce dernier modèle.