Même si c’est un fait peu connu, les californiens ont toujours été à la pointe de la protection de l’environnement, par exemple en introduisant dès 1972 des contrôles stricts sur les émissions polluantes et en abandonnant le carburant plombé, ce que nous européens n’avons fait que 30 ans plus tard… Aujourd’hui, ils sont à la pointe de la commercialisation des kits pour convertir électriquement des voitures existantes. Une petite boite de San-Diego nommée Zelectric Motors a décidé de proposer des Coccinelles converties au développement durable, par l’adoption d’un groupe motopropulseur entièrement électrique ! Voici Zelectric Bug !
Le point de départ de l’expérience est une Cox de 1963 entièrement restaurée. Point incontournable du cahier des charges de la conversion : ni découpe, ni soudure, ni modification du châssis. C’est une des conditions pour que la voiture puisse continuer à circuler avec son title (CG) « Beetle » d’origine en Californie. La voiture pourra, le cas échéant, retrouver son moteur 1200 d’origine en quelques heures de travail !
La conception du projet s’appuie sur un kit développé par la firme EV-West et adapté aux spécificités de la Cox. Tout s’articule autour d’un moteur électrique délivrant 55kW sous 120V, un module de contrôle et un module de recharge, le tout étant alimenté par une quarantaine de modules batterie Lithium-Fer, répartie pour 2/3 dans le coffre AR et 1/3 sous le capot AV afin de proposer une réserve de 22kW d’électricité. L’ensemble est conçu pour autoriser une autonomie entre 90 et 110 miles (entre 140 et 170 km) et se recharge en 8 heures sur une prise domestique. Quant à la vitesse maximale, elle s’établit à 100 MPH (160 km/h)!
A noter qu’un système de freinage régénératif permet de ré-injecter de l’énergie vers les batteries lors des décélérations. Cette autonomie relativement élevée s’expliquerait par l’absence d’accessoires électriques dévoreur d’énergie que l’on trouve dans les véhicules modernes.
Le surpoids engendré par les batteries est de l’ordre de 200 kg et le poids en ordre de marche de la Cox ainsi convertie approche donc de la tonne, ce qui a nécessité de reprendre les réglages de hauteur de caisse, mais les masses recentrées dans la voiture améliorent sa tenue de route et le surpoids sur le train avant améliore la stabilité directionnelle alors que les bacs à batteries boulonnés améliorent la rigidité de l’ensemble.
Une des spécificité retenues pour la conception a été de conserver la boite de vitesse de la Cox et son embrayage, simplifiant toute la partie transmission. Un volant moteur est greffé en sortie du moteur électrique. De fait, l’embrayage ne sert pas au démarrage ni à l’arrêt, mais uniquement si l’on désire changer de rapport. En pratique, la première est devenue inutile. En ville, on roule principalement en seconde ou en troisième, et l’on ne passe en quatrième que pour cruiser sur un Highway !
La Cox ainsi convertie à l’électricité est rapide, très rapide ! L’accélération est plus proche des sensations Porsche que des sensations Volkswagen. Il faut dire que le couple est passé de 8.8 m/kg (moteur 1200) à 18 m.kg. Et il est totalement disponible dès que le moteur électrique se met en mouvement ! Quant à la puissance, elle flirte maintenant avec les 85cv DIN !
Bien entendu, cette conversion électrique ne fait pas de la Cox une Nissan Leaf ou une Renault ZOE : le guidage de la direction et le train avant à pivot avouent toujours leurs limites et le freinage à 4 tambours nécessite une prévoyance accrue par le surpoids. À ce sujet, nous sommes tout de même étonnés de ne pas voir un kit disques CSP ou AC-Industries prendre place à l’avant. C’est un peu mesquin, par rapport au budget total de la conversion.
A l’usage, la Zelectric Bug cruise avec le même feulement qu’une rame de métro, et se révèle totalement silencieuse à l’arrêt.
La conversion Zelectric Bug est indéniablement sérieuse et dépasse toutes les expériences antérieures réalisées avec des batteries au plomb et à l’acide. On est vraiment proche d’une solution industrielle et la qualité d’exécution est impressionnante ! Mais cette qualité a un prix. Le kit moteur EV-West coûte à lui seul 18.900 USD (15.000 EUR) et il faut lui ajouter tout le temps nécessaire à la mise en place du système, de son câblage et de sa finition, ce qui emmène le prix total de la petite Cox 63 Zelectric Bug (certes, intégralement restaurée) autour de 50.000 USD (38.500 euros), ce qui reste quand même élitiste et plus onéreux qu’une voiture électrique comme la Nissan Leaf. Mais c’est le tarif à payer pour rouler à la fois Vintage et écologique !
En Californie, malgré ces prix, le marché de la conversion EV est florissant. Il y a bien peu de chance qu’un tel marché puisse se développer en Europe, du fait de la quasi impossibilité de développer des solutions de conversion de véhicules existants, sur un marché de l’homologation verrouillé par des constructeurs automobiles qui pour beaucoup en sont déjà à jouer leur survie…
Plus d’infos ? http://www.zelectricmotors.com