Régularité : mode d’emploi

Si le palmarès officiel de nos insectes se résume à une peau de chagrin et que leur vocation sportive reste à démontrer, la régularité est une discipline où ce n’est pas la plus rapide ou bien la plus puissante qui gagne mais la plus régulière. Une modeste Cox 1200 peut terminer devant une auto bien plus puissante. Mais les VWs en rallye de régularité (exception faite des VW-Porsche 914) restent rares, très rares ! C’est d’autant plus surprenant alors que les VW sont présentes en nombre dans le milieu de l’automobile ancienne, nouvelle illustration de l’autarcie du milieu VW Aircooled français […]

Le principe des épreuves de régularité :

Il est d’une simplicité évidente : relier un point A à un point B à une moyenne donnée qui, pour des raisons de règlement, ne doit pas excéder 50 km/h. Une ZR (zone de régularité) de 13,2km doit être parcourue à la vitesse de 47 km/h, le temps idéal est de 15,51 minutes. Le tout généralement agrémenté de points de contrôles secrets afin de vérifier votre régularité, voire parfois de CH (contrôles horaires) inopinés : à vous de retrouver votre moyenne. Autre constance, une ZR peut être raccourcie ou rallongée afin d’en augmenter la difficulté.

Entre chaque ZR il y a des parcours de liaison à effectuer dans un temps donné. Pour nous aider, il y a un Road-book à suivre à la lettre. Ne croyez pas qu’une moyenne inférieure à 50km/h va vous permettre de dormir, les routes empruntées sont toujours de petites routes bien sinueuses ou  »tenir la moyenne » impose de cravacher.

Pour une seconde de retard vous écopez d’un point de pénalité, pour une d’avance, de deux, c’est celui qui prend le moins de points de pénalité qui gagne. Des pénalités supplémentaires sanctionnent également d’autre fautes : équipement non conforme, retard ou absence à un CH entre autres

Deux exemples : lors d’un parcours d’essai de 315 km pour le rallye Neige et Glace, sans régularité (c’est a dire au taquet) notre moyenne n’a été que de 56 km/h avec une 356. Lors d’une ZR du rallye de Vésubie, la moyenne imposée était de 41 km/h, au 1er km nous pointions avec 6 secondes de retard (en 912). La régularité n’est pas une épreuve de vitesse (quoique des fois…), elle se déroule sur route ouverte et l’on est tenu de respecter le Code de la route.

Dans la pratique, puisque personne ne sait ou se cachent les commissaires lors d’un secteur de régularité, l’équipage procède comme suit :
– On place bien en vue du copilote une table de moyenne prévisionnelle, indiquant le temps idéal de passage de kilomètre en kilomètre, pour chaque vitesse moyenne entre 30 et 50 km/h.
– Tous les 500 m, ou tous les kilomètres, le navigateur regarde le temps idéal pour le kilométrage effectué, et demande d’accélérer ou ralentir (Ou s’arrête si vraiment il est trop en avance). Une fois calé sur le prévisionnel, le pilote se base sur son compteur de vitesse pour conserver une vitesse idéale, jusqu’au kilomètre suivant ou il refait le point.

Mais l’essentiel, c’est de conserver l’itinéraire ! Un peu en avance, ou un peu en retard, c’est pour les habitués. Les débutants doivent surtout veiller à bien lire les notes du road-book plutôt que de se griller les yeux sur le chrono, car si ils se trompent de chemin, tout est de toute façon fichu, sans même parler des CH que l’on pourrait rater !
La régularité offre également d’autres variantes, comme les épreuves sur circuits à l’instar du trophée Alain Fabre ou bien celles mêlant cartographie et régularité.

Quelles voitures sont éligibles ?

Toutes, du moment qu’elles soient d’avant 1977 ! Et encore, certains organisateurs acceptent des autos postérieures. En fait, chaque rallye définit ses règles d’éligibilité. Les grands rallyes sont plus restrictifs que d’autres : le Tour Auto ou le Monte Carlo Histo n’acceptent que des autos dont le type a déjà participé. Le Neige et Glace n’accepte lui que les autos d’avant 1974. Chaque épreuve possède ses règles, il suffit tout simplement de se renseigner auprès de l’organisateur.

Tout véhicule régulièrement immatriculé peut donc participer. La Ronde de l’Obiou a vu l’épreuve de régularité remportée par un Buggy Baboulin, toute notion de sectarisme étant proscrite. Hormis quelques prestigieuses épreuves, pas de risque donc de ce coté. Il est utile de signaler qu’une auto même préparée doit rester la plus proche de l’origine ou adopter un look Racing d’époque. Venir avec une voiture posée par terre sur des jantes de 18 » chromées avec flamming est modérément apprécié en général. Pas d’interdiction formelle mais vous risqueriez sévèrement de l’abîmer lors du premier jour mais au final ce type d’autos ne correspond pas vraiment à l’esprit de ces manifestations.

Dans ce contexte, la 914-4 se révèle une excellente base: peu onéreuse à l’achat, relativement puissante, freinant bien, collant à la route et disposant d’une boite 5, il suffira de la fiabiliser. Seul modèle de la gamme VW non admis et qui de toutes manières n’est pas fait pour : le type 2, qui fait en revanche un merveilleux véhicule d’assistance.

Quels équipements doit-on adopter ?

Ils sont de deux types, les éléments de sécurité, et les éléments de navigation. Question sécurité, seuls un triangle et un extincteur sont obligatoires. Pour les véhicules non munis de ceintures, des harnais sont vivement conseillés si vous ne voulez pas conduire sur les genoux de votre co-pilote ou inversement. Des sièges baquets apportent un plus indéniable. Des phares additionnels sont également recommandés pour les spéciales de nuit. Dans ce contexte, 12V et alternateurs sont fortement conseillés.

Les équipements de navigation sont classiques : un tripmaster (compteur décamétrique permettant d’affiner vos calculs de moyenne), un chrono voire deux et une lampe lecteur de carte pour les ZR de nuit.

Pas indispensables, mais toujours utiles :
– repose pied pour le navigateur
– Pince pour accrocher la feuille de route en vue permanente
– horloge à synchronisation radio, toujours à l’heure …
– calculette
– stylos
– trousse médicale de secours

Quelle préparation ?

Aucune si vous le voulez, un 1200 fera l’affaire mais (il y a un gros  » mais « ) la fiabilisation est im-pé-rative. Fiabilisation de la mécanique, évidemment mais également des trains roulants, suspension, direction et organes électriques. Un rallye de régularité n’est ni un meeting statique, ni un raid vers le Mc Do. Rouler ce n’est pas faire 50 km, poser son auto et repartir le lendemain, vous allez rouler, rouler et rouler et pas sur autoroute. En moyenne 250 à 300 km de routes tordues et pas vraiment lisses.

L’intérêt c’est que si quelque chose doit tomber en panne il se sera rapidement. La règle est simple : rouler pour tomber en panne, et tomber en panne pour fiabiliser. Moteur, périphériques, électricité, trains roulants, tout est soumis à rude épreuve. Heureusement les VW sont solides mais seront très sollicitées et ont quand même presque toutes plus de 30 ans. Inutile d’engager une voiture entretenue à l’économie. On a vu notamment lors du rallye de Monte-Carlo deux Cox bien préparées, et ultra fiabilisées.

La noire est revenue à plus de 30.000 euros à son propriétaire, mais c’est un extrême. C’est à méditer avant de se lancer dans la prépa d’un moteur qui n’est utilisable que pour faire un départ canon à un feu rouge de temps en temps. Un bon 1776  »rustique » est suffisant. Ce n’est pas le verdict du banc à rouleaux qui compte, mais le chrono et les kilomètres avalés. Un freinage fiable et endurant peut souvent offrir bien plus de gain que l’AAC ultime ou un allumage de navette spatiale sur la ligne d’arrivée. Christian qui a participé au MC histo avec une 1300 stock s’est régalé  » En 911 la puissance est là, avec la Cox 1300 tu es toujours aux limites ce qui rajoute du piment supplémentaire  » me confiait il.

N’oubliez pas non plus dans votre caisse à outils un stock pièces de rechanges : courroies, bougies, bobine, faisceau, pompe à essence, ampoules, en plus du traditionnel fil de fer, scotch américain, et pour les plus paranos (dont je fais partie) le chargeur de batterie, le cric hydraulique et les chandelles.

Quel coût ?

Un rallye se déroule généralement sur un WE et parfois une journée. Le coût est variable : de quelques dizaines d’euros à plusieurs milliers, la moyenne des engagements étant dans une fourchette de 400 et 700 euros pour deux personnes. Coût auquel il faut rajouter l’essence et les faux frais. Le rallye de Vésubie nous à coûté pour 3 jours à deux tout compris environ 800 euros, ce qui est plus que raisonnable. L’engagement comprend généralement l’hôtellerie et les repas, les plaques et des fois quelques souvenirs. Les organisateurs aiment mettre les petits plats dans les grands, les hôtels sont bien choisis et les repas  »gastronomiques » : la régularité est une pratique de bon vivants.

Conclusion :

Curieusement, la régularité qui est le type d’épreuve le plus adapté aux Cox et ses dérivés, est la moins pratiquée par les amateurs. Pourquoi ? Manque d’ouverture d’esprit, de curiosité ou simplement méconnaissance de la discipline ? Probablement un peu de tout cela.
A force de ne regarder que de l’autre coté de l’Atlantique on a trop oublié la richesse de nos routes et la possibilité de s’éclater dans une ambiance forcément conviviale et ouverte.
La ligne droite ne vous attire pas, les fast food vous filent des boutons, le circuit n’est pas votre truc et se poser un WE sans rien faire vous file des crampes: tentez la régularité, ceux qui ont essayé en sont devenus accros…