Porsche 356: Historique et filiation avec la Cox

Cousines ou soeurs ? Le monde VW Aircooled a toujours porté beaucoup d’intérêt à la 356, qu’elle soit Replica ou Originale. Normal car les premières Porsche 356 étaient techniquement très proches des Splits et des Ovales de la même époque.
Histoire et présentation de l’évolution d’une voiture de légende qui, à partir d’une architecture technique issue de la Cox, a évolué un peu différemment…

Retour dans les années 30… avant la guerre.
Si l’ancêtre de la Coccinelle est la type 32… pratiquement en même temps, et avec les mêmes pièces, Ferdinand Porsche créateur génial de la Cox travaillait sur une autre étude avec son fils Ferry. Le prédécesseur de la 356 est la type 64, préparée spécialement pour la course Berlin-Rome à partir d’une plate-forme de Volkswagen. La carrosserie très aérodynamique et la puissance de 40cv elle préfigurait déjà dans bien des domaines les premières Porsche construites après la guerre.

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Dans une interview de 1989, le Pr Ferry Porsche disait :
« J’ai eu pour la première fois l’idée d’une voiture de sport bien avant la guerre, à l’époque des VW. J’imaginai alors de construire ma propre voiture de sport à partir de pièces détachées VW […] »

Voilà, le mot est lancé… Si son père avait conçu l’économique « Voiture du peuple », Ferry Porsche voulait faire une voiture de sport!

Le coup d’envoi de la construction de la première 356 fut donné en 1947. Tout le monde était conscient qu’il fallait utiliser le maximum de composants VW en raison du faible coût d’approvisionnement mais aussi des installations de Gmünd qui étaient très réduites et où il était impossible de construire moteur, boîte de vitesses ou châssis. Il fallait alors modifier les pièces disponibles et donner à l’ensemble un caractère plus sportif. L’idée de base était très simple: construire une petite voiture agile, légère, qui serait plus performante qu’une grosse voiture puissante.

Le premier prototype 356/1 à moteur central et châssis tubulaire sort en 1948. Bien que fort prometteur il faut revoir la copie, le châssis tubulaire, outre le fait qu’il est très encombrant, est très cher à produire. Dès l’essai suivant, la 356/2 avait un moteur en porte-à-faux arrière … comme la Coccinelle.

Très rapidement la Porsche 356 trouva son dessin définitif et Erwin Komenda qui s’était fié à son intuition a vu son coup de crayon confirmé par les excellents résultats de finesse aérodynamique constatés. Cinquante 356 sortirent de l’usine de Gmünd, aujourd’hui encore on les appelle tout simplement les Porsche Gmünd.

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En 1950, Porsche s’installe à Stuttgart et adopte un processus de fabrication moins artisanal. Mais la direction, la boîte de vitesse, les freins hydrauliques ATE et le carter de vilebrequin viennent toujours directement de chez VW.

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On retrouve le train AV à pivots de la Coccinelle

L’amélioration des performances n’était pas le seul but à atteindre et très tôt Ferry Porsche à chercher à adapter la 356 pour l’exportation sur le marché américain très porteur.
Anecdote intéressante, au printemps 1951 les 356 bénéficièrent d’une amélioration importante: des amortisseurs télescopiques à l’arrière. En effet Porsche était tributaire de Volkswagen et ce dernier venait de les introduire en avril 1951 sur les Coccinelles !

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Octobre 1952 photo d’une 356 devant le château de Versailles à la veille du Salon de Paris

En mai 1951 l’exportation des Porsche 356 commence…Grande-Bretagne et Commonwealth, puis l’Australie, l’Inde, le Canada et les Etats-Unis par l’intermédiaire de l’importateur américain Max Hoffmann qui réclamera et obtint pour l’année suivante des pare-chocs plus efficaces pour affronter les monstres des constructeurs Américains.

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Jusqu’en 1954 les Porsche 356 s’illustreront en course sur de nombreux circuits à travers le monde et l’évolution de la cylindrée des modèles colle aux règlements des épreuves internationales. Le palmarès impressionnant des 356 finira d’asseoir la réputation de Porsche comme un grand constructeur de voitures de sports.

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On s’éloigne de la Coccinelle en 1955… Train avant moteur et embrayage modifiés font que la liste des pièces de provenance VW diminue considérablement. Le tableau de bord sera également modifié, en fait il y aura en fait tellement d’améliorations qu’elle recevra l’appellation de 356 A

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Reine de la montagne cette 356 A de 1956 pose devant un assortiment représentatif des véhicules Européens de l’époque, pendant qu’à Stuttgart le 16 mars 1956 sort la 10.000ème Porsche, un coupé bleu en présence de Heinz Nordhoff, le président de VW et le maire de Stuttgart.
Toujours en continuelle évolution la 356 A bénéficiera encore un lot d’améliorations pour 1957. On les reconnait essentiellement à la nouvelle forme des feux arrières en forme de larme et l’éclairage de plaque passe en dessous de celle-ci juste au-dessus du pare-choc alors qu’en 1958 une nouvelle direction (ZF) plus précise sera introduite en remplacement du boitier de direction qui était toujours issu de la Coccinelle.

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Modèle légendaire s’il en est…le speedster pouvait être équipé du rare hardtop, cela lui donnait alors une allure inimitable. Ici on aperçoit le volant VDM une autre option assez rare, construit dans le style des Nardi italiens.

En 1959, la 356 a droit a un lifting assez important justifiant d’une nouvelle appellation, la 356 B ici au premier plan.

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Phares plus haut, pare-chocs plus imposants (et plus efficaces) toute la voiture est redessinée pour offrir une visiblité plus grande, une double grille sur le capot moteur… et un coffre un peu plus spacieux, la roue de secours et le réservoir sont pour cela modifiés.
Les premières B garderont la forme arrondie du coffre avant (B T5) et peu de temps après pour 1960 le forme adopte une forme plus carrée qui reçoit l’appellation B T6.

Le dessin de la carrosserie de la Porsche 356 n’évoluera pratiquement plus, et seules quelques modifications légères interviendront comme les aérations devant le pare-brise pour 1961. Sur la période 61-62, la carrossier Karmann produira une série baptisée « hardtop », avec un toit en tôle fixe, sur la base du cabriolet. A l’automne 1963 la 356 C apparaît… le dessin est le même que pour la B mais Porsche continue d’améliorer les performances et l’efficacité. Les 356 C et surtout le modèles SC préfigurent techniquement totalement les premières 911 qui sortiront 2 ans plus tard.

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La 356 restera fidèle jusqu’à la fin à la devise de Porsche : « La plus belle façon de voyager »

Pour les motorisations de base, la similitude avec la gamme VW est frappante! Les principales motorisations 356 ont été successivement: Le 1100 (type 369) de 40cv, puis le 1300 (type 506) de 44cv puis le 1500 (type 546) de 55cv et enfin le 1600 (type 616/1) de 60cv.

Il y a eu des versions « S » pour chaque motorisation à partir du 1300 offrant des puissances supérieures :
1300S (type 589) de 60cv, 1500S (type 528) de 70cv, et pour le 1600S (type 616/2) 75cv et enfin un 1600 S-90 (616/7) qui comme son nom l’indique délivrait 90cv.

La légende des Carrera
Dès 1955, avec des motorisations exceptionnelles, les Carrera furent des Porsche à part. Pratiquement 200 km/h, c’est la vitesse qu’atteint Wieselmann avec la première Carrera qui s’étonna d’ailleurs d’avoir pu rouler à cette vitesse avec la même facilité que si il conduisait une VW. Elles construisent la légende Porsche qui conserva cette appellation longtemps après la 356…

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Le moteur Carrera 1500 GS type 547/1 développait 100ch avec 2 arbres à cames en tête par rangée de cylindres. A la mi-58 apparut le 1600 GS type 692/2 qui développait 105 cv avec 2 Solex 40 PII-4, et pour la compétition le type 692/3 qui développait 115cv avec 2 carburateurs Weber 40 DCM-2 avec un allumage en 12V. Enfin la Carrera 2 donnait déjà la mesure des futures 911, son moteur 4 cylindres dont la cylindrée était portée à 2l développait 130cv avec 2 Solex 40 PII-4…

Les illustrations de cet article sont extraites du livre « Porsche 356 » de D.M. Conradt (EPA)